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Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité

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Publié le 07/12/2020

Déficit de l'Attention

Aujourd'hui, je vais vous parler du Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA ou TDAH) plus connu sous le nom d'hyperactivité. Bien que ce soit un terme qui soit souvent utilisé à tord et à travers, de manière banalisée au quotidien, il s'agit d'un trouble neuro-développemental qui doit être sérieusement pris en charge.

Le trouble se caractérise par de nombreux symptômes aussi bien cognitifs que comportementaux autrement dit par de multiples manifestations complexes qui arrivent dès la plus tendre enfance entraînant donc bien souvent un retard dans le diagnostic. Repérable dès l'âge de 6 ans environ, le diagnostic se fait le plus souvent aux alentours de 9-10 ans.

Le TDA/TDAH se caractérise par trois symptômes principaux. Tout d'abord l'enfant présente une grande agitation, une hyperactivité. Cependant, il est très fréquent de rencontrer des enfants ayant la « bougeotte », ne tenant en place surtout à cet âge là. Ici, l'agitation traduit vraiment l'incapacité de l'enfant à tenir en place, à rester immobile dans une position plus d'un certain temps, le fait de bouger la jambe, taper du pied par exemple, on note un réel besoin de bouger constamment ou encore de parler.

Ensuite, il y a le déficit de l'attention, l'inattention visible au travers de la difficulté à planifier/organiser des tâches mais aussi d'aller tout simplement au bout de celles-ci, l'incapacité de mener une action à son terme.

Enfin il y a l'impulsivité. L'enfant n'hésite pas à couper la parole, à faire la sourde d'oreille lors de remarques, il est exigeant et fait souvent les choses dans la précipitation. Tous ces critères qui s'avèrent parfois compliqués surtout pour les parents pendant l'enfance, peuvent devenir de réels atouts pour la personne une fois adulte.

À l'école, plusieurs éléments peuvent également être de bons indicateurs. Les plus fréquents sont le jugement des autres associé à une mise à l'écart et encore le décrochage scolaire. Les enseignants ont alors un rôle important à jouer dans l’accompagnement des enfants avec des aménagements à réaliser comme le fait de ne pas placer l'enfant prêt d'une fenêtre ou d'une porte, de lui laisser plus de temps lors d'exercices, de lui prêter un peu plus d'attention.

Certes, ce n'est pas une maladie qui possède des marqueurs biologiques et qui est donc facile à diagnostiquer, bien au contraire, comme dit précédemment c'est souvent compliqué et retardé, mais il est nécessaire et important de le faire. Cela passe par une série de tests, de questions, par une évaluation neurologique et psychologique précise réalisée par un psychologue ou un psychiatre.

Tout ceci est important pour l'enfant mais aussi pour les parents. En effet, la plupart des gens ont tendance à rapidement trouver une solution au problème en remettant la faute sur les parents, accusés d'avoir donné une mauvaise éducation à leurs enfants, d'avoir des enfants turbulents.

Il est donc primordial pour les parents de savoir que leur enfant ne le « fait pas exprès », de voir que son enfant n'est pas mal élevé ou provocateur, de le voir autrement. Cela permet d'avoir une autre perspective, de dissiper les souffrances que tout ceci implique des deux côtés. Une fois informés, rassurés, les parents pourront par la suite encore mieux prendre en charge leur enfant, le comprendre, apprendre à vivre avec son trouble.

Par chance, il existe différents moyens de prendre en charge ce trouble de l'attention. Un suivi psycho thérapeutique est proposé, mais aussi des exercices de concentration et de relaxation et surtout nous avons la chance d'avoir un traitement qui fonctionne bien. Évidemment la prescription de médicaments n'est pas la solution au problème. Il est essentiel pour l'enfant de comprendre son trouble, d'apprendre à le contrôler grâce à des exercices de relaxation, d'apprendre à se gérer, à rester concentré sur une activité.

De plus il y a des choses à éviter pour améliorer la vie d'une personne hyperactive au quotidien. Par exemple, il faut diminuer les sources de stress, diminuer le temps d'écran, bien que la personne paraisse calme devant l'écran, ceci ne fera qu'augmenter son hyperactivité une fois que l'écran sera enlevé. Il faut éviter d'avoir des exigences trop élevées comme lui demander de rester assis sans bouger pendant des heures lors d'un repas de famille. Enfin, il ne faut pas hésiter à lui proposer des activités physiques pour se dépenser.

Les causes exactes de l'hyperactivité sont encore méconnues mais il y a plusieurs facteurs qui reviennent assez souvent :

  • l'hérédité
  • un dysfonctionnement cérébral : au niveau de certains circuits cérébraux transmettant des informations. Il semblerait que la dopamine, la noradrénaline soient moins efficaces, déficientes ou en moindre quantité
  • des facteurs néonatales : la prématurité par exemple ou encore l'exposition au tabac au cours de la grossesse

Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité constitue un handicap dans la vie, un handicap dans la compréhension du fonctionnement de la personne. Il est plus fréquent chez le garçon que la fille. On compte 2 à 3 cas masculins pour 1 cas féminin. De plus, il est souvent plus difficile de le diagnostiquer chez les filles, il est plus subtile, les jeunes filles sont moins agitées et plus rêveuses.

On estime que 5 à 15% des enfants gardent leur hyperactivité à l'âge adulte car bien qu'on parle plus souvent de l'hyperactivité chez l'enfant, elle existe également chez l'adulte et est souvent dans la continuité de l'enfance. Il y a une encore plus grande difficulté dans le diagnostic car les symptômes sont plus riches que chez les enfants, et sont souvent associés à d'autres souffrances telles que l'anxiété, la dépression, l'abus de substances (tabac, alcool, toxiques) et il y a un risque plus important de burn out pour ces personnes. Cependant, encore une fois, le trouble est très bien pris en charge et certaines des caractéristiques peuvent se transformer en atouts et faire la force des individus.

La prochaine fois nous parlerons d'un fléau qui touche plus de 3 millions de Français, à savoir, l'insuffisance rénale.

Dr Jacqueline Delanoë

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