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La schizophrénie

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Publié le 18/01/2021

La schizophrénie

Aujourd'hui je vais vous parler de la schizophrénie. Il s'agit d'une maladie psychiatrique chronique et complexe qui se caractérise par une vision perturbée de la réalité. Bien que ce soit un terme qui soit souvent banalisé dans le langage courant et utilisé pour qualifier un dédoublement de personnalité, la schizophrénie est une réelle maladie avec des symptômes et qui nécessite une prise en charge.

On parle tout de même d'environ 600 000 personnes en France et entre 0,7 et 1% de la population mondiale. C'est une pathologie assez fréquente avec beaucoup de méconnaissances de la part de la population entraînant souvent un manque de prise de charge et même de diagnostic.

Le trouble se manifeste généralement à l'adolescence ou chez le jeune adulte, autrement dit, entre l'âge de 15 et 25 ans et se caractérise par 3 grandes catégories de symptômes.
Tout d'abord, on retrouve les symptômes positifs, qui se rajoutent en plus par rapport à une personne saine. Les hallucinations qui peuvent aussi bien être visuelles, odorantes, gustatives, olfactives mais qui sont le plus souvent auditives mais aussi le délire, qui, contrairement à sa connotation amusante dans le langage courant, représente ici des idées qui ne sont pas adaptées à la réalité, à des croyances fausses basées sur une information, une perception erronée.
Ensuite, viennent les symptômes négatifs, ceux qui sont en moins par rapport à la « normale ». On note une moindre capacité à l'interaction sociale, à l'expression et au ressenti des sentiments et encore une moindre motivation. Ces-derniers sont certes moins spectaculaires, impressionnants que la précédente catégorie de symptômes mais ils sont plus difficiles à mettre en évidence et sont extrêmement invalidants dans la vie quotidienne d'une personne schizophrène.
Enfin, on remarque une désorganisation de la pensée. La perte de cohérence de la pensée est responsable de conséquences majeures dans la planification de tâches quotidiennes qui devient alors très compliquée ( faire des courses par exemple ou encore tout simplement travailler aussi bien dans une activité professionnelle que scolaire ).

Il y a donc l’apparition de troubles cognitifs. La fonction cognitive d'une personne lambda lui permet d'analyser son environnement, de se réaliser au quotidien. Or, chez une personne atteinte de schizophrénie, celle-ci se voit altérée. Il y a donc un impact sur de nombreux éléments :

  •  la mémoire déclarative (qui sert à stocker des données et à les chercher quand on en a besoin), ceci explique les difficultés d'apprentissage
  • la mémoire de travail
  • les fonctions exécutives présentes au quotidien
  • la cognition sociale (comprendre les intentions des autres) qui peut participer au délire en engendrant de fausses interprétations

Toutes ces catégories de symptômes se juxtaposent de façon très variable expliquant ainsi la grande hétérogénéité et complexité de la maladie. Certaines personnes auront plus de symptômes positifs et d'autres plus de négatifs. De plus, ceux-ci peuvent fluctuer au cours de la vie chez un même patient.

L'un des principaux problèmes qui entraîne souvent des difficultés dans la prise en charge est que la schizophrénie se caractérise par l'anosognosie. C'est-à-dire que pour les schizophrènes, leurs délires et leurs hallucinations sont réels. Ils ne sont pas conscients de souffrir d'un trouble mental.

Mais d'où provient la schizophrénie ? Malgré les nombreuses recherches, les causes sont encore mal connues. Cependant il existe tout de même des facteurs génétiques mais aussi environnementaux qui contribuent au déclenchement de la maladie.
D'une part, certaines variations génétiques et des mutations ponctuelles rares ont été identifiées et décrites comme étant des facteurs de surrisque de développement de la maladie. D'autre part, le stress et notamment la consommation de toxiques, surtout de cannabis ont montré un rôle important dans le développement. Le cannabis doublerait le risque de schizophrénie, ainsi, la question d'une éventuelle action accélératrice est posée.
Il existe également une théorie selon laquelle il y aurait une cause dopaminergique dans la maladie. Les symptômes positifs proviendraient d'une hyperactivité de la voie dopaminergique de la voie mésolimbique et au contraire les négatifs, d'une hypoactivité.

La mise en place de la schizophrénie est généralement très longue, entre 3 et 5 ans. La maladie comporte plusieurs phases.
Avant l'apparition du trouble on parle de phase prémorbide. L'entrée dans la maladie débute par ce que l'on appelle la phase prodromique, autrement dit par l'apparition de signes avant-coureurs (désintérêt par rapport aux activités habituelles, difficultés à se concentrer, idées bizarres, déficit de l'hygiène, dépressions, anxiété). Au début les symptômes ne sont donc pas très spécifiques mais il est important de les voir, de les traiter comme l'anxiété par exemple qui facilitera l'apparition de la maladie.
Ensuite vient la phase psychotique avec les symptômes positifs, les hallucinations et les délires. Puis, la réémission où les symptômes positifs disparaissent mais où les négatifs persistent, handicapant la personne au quotidien.
Avec un épisode de stress intense par exemple, la personne peut à nouveau replonger dans une phase psychotique suivie d'une phase de réémission et ainsi de suite. Cependant, plus il y a de phases psychotiques et plus le niveau fonctionnement diminue.

Bien qu'en temps normal l'installation soit généralement longue, il existe des cas pour qui, le début de la maladie est brutal. La personne ne passe pas par des phases préliminaires comme vues juste au-dessus. Elle peut s'installer en quelques heures seulement dans le cas d'une « bouffée délirante aiguë » et plonger la personne dans une indifférence absolue.

Lorsque la maladie est installée, un traitement médicamenteux est nécessaire (neuroleptiques) mais aussi une thérapie cognitivo-comportementale très importante qui peut permettre la réinsertion sociale de la personne. La prise en charge se doit d'être multidisciplinaire. Celle-ci est rendue compliquée par la diversité de la maladie. En effet, 50% des schizophrènes ne bénéficient pas de soins appropriés. En revanche, si la prise en charge est adaptée, 1 patient sur 3 est capable d'obtenir une réémission durable.

La prochaine fois nous nous intéresserons à la maladie/au syndrome de Raynaud.

Jacqueline Delanoë

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